J'ai encore tellement de choses à dire sur Cédric ! Tellement de choses à raconter ou à écrire pour ne pas les oublier ! Mais, est-ce qu'on oublie vraiment ce que l'on vit avec son enfant ?!! Même si les détails vont peu à peu s'estomper, il restera toujours le souvenir dans son entier. Je vous livre donc encore quelques moments de vie partagés ces dernières semaines parce que c'était Cédric, parce que c'était SA vie.
Moments de vie partagés avec mon fils
Depuis quelques temps déjà, j'avais au fond de moi le sentiment que Cédric nous quittait, tout doucement. Chaque fois qu'une lourde nouvelle nous attendait, j'avais comme l'impression qu'il s'en allait un peu plus. Les choses se sont accélérées ces derniers jours et ce sentiment est devenu plus fort en moi. Chaque fois que j'ai dormi sur le fauteuil auprès de son lit, j'avais l'impression de veiller mon enfant mourant. Et, chaque matin, il renaissait à la vie. Lorsqu'il a été hospitalisé pour la dernière fois, il s'est réveillé un matin et m'a vue, en larmes, à côté de lui. Il m'a demandée : "Maman ! Pourquoi tu pleures ?". On s'est toujours promis la vérité. Alors je lui ai dit que les larmes coulaient parce que je voyais bien que le cancer l'envahissait de plus en plus. Je pensais alors qu'il partirait à cause de la maladie présente dans ses poumons. Il m'a regardée, sans rien dire. Puis, une heure plus tard, il m'a dit : "Maman ! Je voudrais savoir si j'ai rêvé tout à l'heure ou si tu m'as dit que j'allais bientôt mourir." "Non, fiston, tu n'as pas rêvé. Est-ce que tu veux qu'on en parle ?" Alors, nous avons parlé, beaucoup parlé... et nous avons pleuré, beaucoup pleuré. Après toutes ces belles choses que l'on s'est dites, Cédric n'avait plus peur de partir et moi, je n'avais plus peur de le laisser partir. On a commencé à ranger sa vie comme on range sa maison avant de partir en vacances. Nous étions tous deux sereins face à ce départ annoncé. Même si on savait que notre "A Dieu" sur le quai de la gare serait triste, les valises se préparaient calmement, sans hâte, mais en essayant de ne rien oublier, de ne pas laisser de regrets derrière nous.
Un jour, alors que nous étions à la maison, Cédric m'avait fait remarquer que le temps était vraiment très moche pour ce mois de mai. Il m'avait alors dit qu'il ne voudrait pas mourir un jour de pluie. Ce à quoi je lui ai répondu qu'il devrait s'accrocher encore quelques temps parce que la météo n'annonçait pas de soleil pour les jours à venir. Le vendredi de son départ, Cédric avait eu très mal aux poumons et au ventre. Il s'était fait beaucoup de bolus de Morphine pour trouver un peu de réconfort. A midi, avec Pascal, nous sommes venus le voir ensemble, ce dont nous n'étions pas coutumiers. Nous étions auprès de lui soit l'un, soit l'autre, mais jamais tous deux en même temps. Ce vendredi, il avait du mal à respirer et les douleurs le faisaient souffrir. Je lui ai alors demandé s'il voulait qu'on lui fasse un bolus d'Hypnovel pour l'aider à dormir un peu pendant le temps de notre repas. Il a accepté et Pascal a appuyé sur le petit bouton. Après avoir mangé, je suis retournée auprès de lui et c'est alors que j'ai réalisé qu'il était parti dans son sommeil, tranquillement, sereinement. Et, à ce moment-là, le soleil brillait. C'est ce rayon de soleil qui l'a éclairé pour qu'il monte dans le wagon qui l'emmenait. C'était d'ailleurs le seul rayon de soleil que l'on ait eu dans la journée. Il était pour lui et j'en étais heureuse.
Cédric m'avait dit qu'il n'avait pas peur de la mort ; il avait juste peur de mourir. Peur de ce fameux passage. A aucun moment, pendant notre repas, nous ne l'avons entendu gémir, se plaindre ou appeler. C'est pourquoi je suis sure qu'il est parti, comme il le voulait, dans son sommeil.
Cédric nous a toujours montré une forte envie de vivre. Il a pleinement profité de tout ce qu'il a rencontré et de tous ceux qu'il a rencontrés sur son chemin. Souvent, je disais que, malgré les circonstances, "on vivait bien" son cancer. Je ne sais pas si tout le monde a toujours bien compris le sens de ma phrase. Pendant ces quatre dernières années, les médecins, les infirmiers, l'ostéopathe et tous ceux qui ont contribué à apporter des soins à Cédric ont pu voir nos larmes et notre tristesse, mais aussi et surtout la joie et la bonne humeur qui nous ont accompagnés au quotidien. C'est en cela que nous vivions bien son cancer. C'est également dans ce bel état d'esprit que nous avons préparé et vécu la cérémonie d'Adieu à Cédric. J'espère que chacun d'entre vous présents ce mardi aura été emprunt de la douceur et de la sérénité qui ont fait de notre Adieu à Cédric "un si beau moment".
"Maman ! Qui c'est qui vient me voir aujourd'hui ?". Depuis qu'il était rentré en HAD, Cédric m'a posé inlassablement cette question, tous les matins. Il aimait vos visites, il aimait votre présence. Et vous avez su l'accompagner jusqu'à l'église et jusqu'au cimetière où, malgré la pluie, vous n'avez eu de cesse de l'entourer.
Le temps des Mercis
Merci au Père Louis pour avoir officié très simplement mais avec tant de profondeur ! Merci aussi pour avoir rappelé cette anecdote sur le rugby qui montre le lien fort qui l'unissait à Cédric : Cédric avait promis au Père Louis qu'il le rejoindrait au Togo pour l'aider à monter et former une équipe de jeunes rugbymen !
Merci à Bruno, l'aumônier, qui, de par son témoignage, nous a fait partager l'intensité des échanges qu'il a eus avec Cédric et d'où ressortent deux mots : "Etre vrai". Etre vrai dans les échanges avec les autres, être vrai dans sa vie, être vrai dans son quotidien.
Merci à Odile et Henri qui ont également rendu un bel hommage à Cédric. Merci aux jeunes rugbymen et lycéens, recueillis, derrière l'autel, et qui ont si gentiment aidé à rassembler toutes les fleurs de Cédric à la fin de la cérémonie.
Merci, enfin, à vous tous qui nous avez témoigné par un regard, un sourire, des pleurs, un mot, une fleur, un silence, les sentiments profonds que vous avez pour Cédric.
Mardi, la cérémonie était pleine, pleine de votre présence, pleine de véracité, de témoignages forts, d'émotions intenses, pleine de tout ce qui rayonnait autour de Cédric.
Adieu mon fils
Cédric ! Nous nous retrouverons un jour, assis dans le même train de la vie éternelle. Tu es juste parti avant nous, trop tôt certes, mais c'est ainsi. Je ne suis pas résignée, mais on ne maîtrise que si peu de choses ! Je vais maintenant te laisser reposer en paix. Il y a quatre ans, j'ai mis ma vie entre parenthèses pour t'accompagner jusqu'au bout de ton chemin. Tu es parti et je vais désormais reprendre la route, ma route et ainsi apprendre à me réapproprier ma vie.
Si vous aussi vous avez des souvenirs, des moments de vie avec Cédric, n'hésitez pas à les partager dans un commentaire pour qu'il vive à tout jamais dans nos coeurs.