"Il est costaud le frangin !"
C'est vrai, comme tu le dis très justement David, Cédric est costaud. Costaud pour encaisser physiquement tous ces traitements ponctuels ou quotidiens qui, malgré tout, abîment toujours quelque chose sur leurs passages : les chimios détruisent les cellules malades certes, mais elles n'ont pas ménagé les cellules saines et ont affaibli le coeur et un rein ; les opérations ont permis de supprimer les nodules pulmonaires, mais les côtes sont maintenant fragilisées par les passages successifs de la main du chirurgien ; la radiothérapie a agit sur les zones à risque, mais elle a tout brûlé sur son passage... Cédric est également costaud, moralement, pour encaisser les annonces d'une maladie encore présente, toujours en action, qui revient constamment à la charge. Il faut un sacré moral pour ne pas se laisser déstabiliser par ces coups d'épée dans le dos qui se font toujours plus saillants. On pourrait s'attendre, un jour, à un revirement de situation, un changement d'attitude de la part de Cédric : qu'il soit effondré, qu'il affiche de la colère, de la révolte, de la haine par rapport à cette injustice. Et bien non !
Je ne dis pas que tout cela lui passe au-dessus de la tête, non. Bien sûr que, lorsqu'un examen révèle l'avancée de la maladie, Cédric est touché parce qu'il espère et croit que, cette fois-ci, c'est la bonne, qu'on a enfin trouvé le remède miracle. Mais il reste fidèle à lui-même et, au fil des jours, la vie reprend ses droits, comme si de rien n'était. Réveil à 6 heures, début du stage à 7 heures, et la bonne compagnie riche de gentillesses, de soutien et d'apprentissage des collègues de Cédric efface les moments plus douloureux de la maladie. Cédric se sent normal et vit normalement. Et c'est tout à son honneur ! Pas question de se plaindre ! De toute façon, la maladie n'aura pas le dessus !