Une formidable vague humaine
Hier matin, c'est un cauchemar qui m'a tirée du lit. C'est bien la première fois ! Mes nuits sont plutôt calmes et reposantes. Hier, aucun bruit dans la maison, hormis le ronflement incessant de la cuve à oxygène que l'on a isolée dans le bureau, transformé désormais en QG des infirmières. Cédric est angoissé par le manque d'oxygène dû à l'encombrement des poumons par les nodules et il ressent un réel besoin de garder le masque à oxygène toute la nuit. Par contre, pendant trois jours, il a accepté de le laisser de côté, et pas rien qu'un peu ; il n'a dû le prendre, en tout et pour tout, que deux à trois heures par jour ! Gros progrès dont on l'a félicité. Du mieux, il y en avait avec le retour de l'appétit. Mais cela n'a pas duré. Il semblerait qu'un antifongique nouvellement prescrit pour son tibia dénature fortement le goût des aliments, à tel point qu'il préfère ne plus manger. Il a perdu 4 kg depuis 15 jours et cela ne va pas en s'améliorant. Je l'ai signalé à Matthias, le médecin de l'HAD, qui a modifié le traitement.
Depuis le retour de Cédric à la maison, les visites se sont largement enchaînées. Sentiment étrange pour une situation étrange d'adieux peut-être prématurés dans un contexte familial et amical où l'on a pu se rendre compte, une fois encore, comme Cédric est merveilleusement entouré. Et ça fait tellement de bien ! Beaucoup d'entre vous ont pu retrouver un Cédric sous oxygène, c'est un fait, mais qui s'accroche à la vie, qui ne veut pas rendre les armes. Tout au long de la semaine, il a occupé ses après-midis en compagnie des uns et des autres avec des jeux vidéos. Bien sûr sa santé s'est fortement dégradée en quelques jours lorsqu'il a été hospitalisé pour une infection pulmonaire ! Mais il n'empêche qu'il est toujours avec nous et que nous continuons la route avec lui.
Cette nuit n'a pas été top. Malgré l'Hypnovel (hypnotique et anxiolytique) en débit continu la nuit, il n'a pu trouver un vrai sommeil. Cette fichue maladie lui file des coups de poignard acérés alors même que les choses semblent s'apaiser. Pas envie de se retrouver tout seul à chaque réveil. "Maman ! Reste avec moi cette nuit !" Un bon fauteuil, une couverture bien chaude et le tour est joué. Nous avons fait une multitude de petites siestes jusqu'au matin. A son réveil, grosse déprime: Cédric veut retourner à l'hôpital pour qu'on l'aide "à s'en aller". Beaucoup d'émotions, de larmes et de tendresse où l'on s'est dit combien on s'aime, tous les deux. Tout en saluant l'énorme courage dont il fait preuve depuis quatre ans, je lui promets que Pascal et moi mettrons tout en oeuvre pour le soutenir à chaque nouvelle étape, sans pour autant forcer le destin.
Dans la matinée, le service de l'HAD et Lara ont mis en place une nouvelle prescription des antalgique-morphinique-hypnotique. Les dosages ont été doucement revus à la hausse, permettant ainsi à Cédric de passer une journée plus reposante. Dommage pour ses copains qui n'ont pu le voir cet après-midi ! Pensez juste à nous passer un petit coup de fil avant de vous déplacer. Nous vous dirons si Cédric se sent le courage de vous recevoir.